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But in my heart it was so real

29 novembre 2012

Arbre généalogique de la douleur

J'ai craqué ce 26 novembre 2012. Mon voisin, Val, m'avait envoyé un sms m'invitant à boire un verre ce soir-là. On se connait depuis quelques temps, nous n'avons pas forcément d'atomes crochus mais on sait discuter tranquillement, passer du temps, remplir un vide.J'ai hésité à venir. Quand la vie fini vraiment par devenir un vaste néant, quand tout tourne en rond dans le meilleur des cas ou pire quand elle décide de descendre toujours plus bas, que peut-on raconter aux autres si ce n'est ce rien ? Un rien qui commence par vous bouffer l'intérieur, qui prend du terrain encore plus vicieusement qu'un cancer et qui s'installe pour rester.

Mais tout ça remonte à si longtemps... ça a commencé bien avant la fin de ce mois de novembre. A vrai dire, un certain 26 juillet 1986, le jour de ma naissance. Après, j'ai pas arrêté de me chercher.

Ou peut être était-ce ce 26 décembre 1961, quand mon père est né et que sa mère projetait de l'abandonner 2 ans plus tard. Ou alors lorsque ma mère avait 16 ans, en février comme en avril 72, qu'à force d'avoir observé ses parents d'un oeil cruel et véritable, elle avait compris qu'elle s'était faite toute seule... entassée dans ses bouquins durant des heures interminables, coincée dans sa vie d'ado timide et pas très sociable, avec un vieux souvenir d'ami imaginaire à qui parler quand elle était enfant.

ça doit se trouver là-dedans, aussi. Dans toutes ces dates, ces souvenirs et ces blessures qui ne sont pas les miennes. L'héritage, ça peut fonctionner à l'envers. On ramasse quand on arrive au monde, aussi.

Ma mère m'a prise dans ses bras en m'aimant beaucoup et en espérant le meilleur du monde. Mon père m'a regardée et souri comme un enfant qui découvre quelque chose d'ahurissant, d'exceptionnel et plus grand que lui. D'un coup, il a découvert une parcelle d'amour en lui, jamais explorée et jamais vue chez son père ni sa mère, qui lui revenait comme un boomerang à 25 ans. C'est là qu'il a sans doute senti le vent tourner. Fini la croisière, le vent tu l'auras en frontal et à une vitesse folle. Tout ce que tu n'as pas eu, ta fille va te le demander de droit. Mon père va comprendre sa douleur. Je suis le sel sur une vieille plaie qu'on a laissé pourrir. Je vais faire péter les points de suture en demandant ce que n'importe quel enfant attend de ses parents. Ce qu'il y a dedans, ça fout la trouille et c'est pas joli. Assez moche pour qu'un homme de 25 piges ne se retourne pas dessus un seul instant pour soigner ça. Et ça, ça va devenir mon présent en ce 26 juillet 1986. Je pousse mon premier cri, je ne sais pas à quoi m'attendre. Eux non plus.

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